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 Lu & Approuvé

La croisade s'ennuie

Dominium mundi est le premier livre d'un diptyque de Science-Fiction écrit par François Baranger.

En bref : Dominium mundi c'est une sainte croisade chrétienne qui s'embarque pour aller chercher le corps du Christ... sur une planète d'Alpha du Centaure !
Dans une Terre partiellement irradiée par les guerres du siècle dernier, la société s'est reformée en un système de castes quasi médiéval, sous l'égide prétendument bienfaisant de la chrétienté à la sauce post-moderne.
On suit ici les tribulation d'un groupes de soldats, nobles ou roturiers, volontaires ou enrôlés de force dans la plus imposante des croisades : un million d'hommes et femmes pour une expédition de 5 ans minimum l'aller-retour.

Il y a en vrac : des exercices militaires en conditions réelles, de l'intrigue politique, de la romance, des chefs charismatiques, des complots dans l'ombre et une révolution qui gronde. En somme pas mal de bons ingrédients, et pourtant...

Je n'ai pas accroché à Dominium Mundi, malgré ma subjectivité effrayante pour toute aventure dans l'espace. Et pour cause, je me suis ennuyé, n'arrivant pas à m'attacher au scénario.

La société des classes est...caricaturale on a du mal a comprendre comment un événement, fut il un cataclysme mondial a-il pu réduire le monde entier à une bonne vieille quasi-théocratie obsolète, les nobles faisant office de second couteaux bataillant pour les miettes d'autorité que leur laissent les saints hommes. Mais passons, après tout, j'ai déjà avalé des synopsis bien plus délirant sans me plaindre.

Les complots sont... prédictibles. Sans spoiler j'avais déjà tout deviné à l'avance, comme le ferait je n'en doute pas n'importe quel lecteur marquant une pause minime entre deux séances de lectures.

J'en arrive au principal défaut selon moi : les personnages sont...plats. Les méchants sont méchants et avides de pouvoir. Les gentils sont nobles et désintéressés. Au milieu se trouve une troupe plus ou moins gaga qui dit amen (littéralement parfois) aux uns ou aux autres, ne servant au final que de milieu de comparaison bien/mal. J'ai été incapable de ressentir la moindre empathie envers les personnages. Pourtant je suis capable d'être une vrai madeleine quand j'ouvre un bouquin, c'est dire. La naiveté et la noblesse du personnage principal m'ont fait espérer en vain des facettes cachées, les deux romances présentées ici sont littéralement les coups de foudre les moins crédibles de l'histoire. Je passe sur le fait que j'avais envie de coller des baffes à la moitié des personnages car c'est bien trop subjectif pour être annoncé dans une critique (comment ça, "trop tard" ?).

Dernier point qui m'a gêné : l'approche de la religion. Bien qu'athée moi même (je sais on s'en contrefiche), j'ai eu énormément de mal à m'immerger dans la société chrétienne décrite ici. En effet, les gens semblaient être classés en trois catégories. Il y a les croyants méchants d'une part, les croyants naïfs d'autre part (l'épithète carrément stupide convient aussi), et les sages, réfléchis, non croyants, persécutés par la première desdites catégories. Honnêtement, c'est un parti pris brutal et selon moi le plus gros défaut "objectif" de l'oeuvre. Les personnages sont plus un ressenti, mais concernant la chrétienté j'ai eu l'impression de lire un livre de propagande anti-religion tellement les ficelles étaient grosses.

Bien sûr il y a quand même des points positifs. Notamment les scènes d'actions sont bien menés, et je reste fan des séances d'entraînements militaires et de stratégie dont on sent que l'auteur à pris soin de peaufiner pour coller avec son univers et sa technologie particulière. De plus ce n'est que le premier tome du diptyque, ce qui explique le temps pris pour mettre en place le contexte. Le public s'adresse probablement d'avantage à un public jeune, ou simplement moins habitué à lire de la SF. Les habitués eux seront un peu déçu par les poncifs du genre trop présent.

Dominium Mundi est pour moi l'exemple type du roman du jeune auteur motivé : rien n'est a proprement parler si mauvais que cela, on sent qu'il a voulu développer un univers complexe, avec des personnages intéressants, et y a presque réussi...presque. Au final un bon roman, la  touche de subtilité nécessaire pour les rendre intéressants mis à part.

Malgré tout l'oeuvre jouit d'une grande popularité auprès du public français (ou de ses magasins en tout cas)... et là je suis obligé de m’interroger : quel part du mérite est réelle et quelle part provient de notre bon vieux chauvinisme national ? L'oeuvre est certes remplie de belles tournures de phrases, et il m'est même arrivé à l'occasion de devoir chercher la signification d'un mot ou deux dans un contexte (fait rare pour l'orgueilleux lettré que je prétend être). Cependant tout cela ne suffit pas à rendre une oeuvre réussie ! Je regrette que l'auteur ne soit pas resté sur son domaine de prédilection (l'illustration) où il y était bien plus doué.

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