Le Retour de l'assassin

Le retour de l'Assassin est le quatrième tome de la série le fou et l'assassin par Robin Hobb. Ce cycle fait suite à ceux de l'Assassin Royal (vous avez saisi le thème récurrent, ou j'insiste encore un peu ?) et, étonnamment, aux Aventuriers de la Mer (j'y reviendrais).

Blabla, tome précédent, blabla, spoilers ! Blabla !

En bref : ce que tous les fans de la saga attendaient depuis un éternité est enfin arrivé. Fitz, assassin royal a enfin été reconnu pour le véritable héros qu'il n'a pas cessé d'être depuis 45 ans (!) et non plus le paria impie coupable des pires crimes que tous l'accusaient d'être.

Paradoxalement, depuis qu'il a été officialisé dans son nouveau rôle de prince quasiment adulé, il n'a jamais été aussi incontrôlable. Sa fille enlevée et son meilleur ami brisé physiquement et psychologiquement : autant de motivations pour faire resurgir les plus sombres facettes de Fitz.

Maintenant qu'il a les coudée franche, il va pouvoir se lancer dans sa quête de vengeance tranquillement... à moins que ses amis et sa famille ne viennent l'aider... et le ralentir.

Je suis un fan inconditionnel de tout ce qu'a écrit Robin Hobb, et ce tome ne m'a pas déçu. Tout d'abord vous aurez remarqué que c'est un tome pair, ce qui signifie en clair, qu'après découpage en deux lors de la traduction de l'original en français, on a affaire à la fin du tome 2 VO. En bref il se passe beaucoup plus de choses que dans les tomes impairs !

Le plus flagrant c'est que Fitz a enfin une piste pour retrouver la pauvre Abeille enlevée il y a déjà un bon moment. Et le statut de prince des Six-Duchés comporte le petit avantage de pouvoir voler au secours de sa fille avec une petite armée. Gare à quiconque se dressera sur son chemin ! C'est incontestablement le retour en force du tueur que nous offre ce volume (d'où le titre), et ce malgré le statut brillant tout neuf de héros du royaume !

Cependant, Robin Hobb étant fidèle à elle-même, on n'a pas droit ici à une simple boucherie pour célébrer le retour de Fitz en force, mais surtout à un changement de mentalité de l'assassin. Il y aura du grabuge, c'est sûr, et ça ne sera pas toujours beau à voir, mais comme d'habitude chez l'auteure, le ressenti et les perceptions des personnages sont tout aussi importante que l'action au sens habituel du terme.

D'ailleurs niveau personnage, Abeille s'impose progressivement comme l'égale de Fitz niveau importance dans la narration, et ne se contente pas d'être la demoiselle en détresse du stéréotype éculé. Avoir des visions prophétiques ainsi que les conseils d'un farouche loup dans sa tête peut être un vrai avantage quand on est kidnappée. J'aime beaucoup Abeille, d'autant plus qu'elle est au centre d'une notion de plus en plus importante dans cette saga : la famille.

Que ce soit par les liens du sang, du mariage ou simplement des peines partagées, la famille Loinvoyant se serre les coudes. J'avais déjà fait une remarque similaire sur le précédent tome, mais c'est encore plus flagrant ici. Face à l'enlèvement et la possible mort d'Abeille, le reste de la famille fait bloc. Alors que certains, comme le mentor Umbre sont sur le déclin et incapable de la moindre aide, d'autres restent inébranlables dans leur soutient. La palme revient à Kettrichen, reine mère que nous suivons depuis les premiers pas de Fitz. C'est quasiment une sainte à ce stade et elle reste mon personnage secondaire préféré. Et pourtant d'habitude je déteste les personnages trop "bons", surtout dans de la dark fantasy, mais là il est impossible de ne pas l'aimer.

Bref, Fitz est lancé pour ce qui s'annonce la plus importante (et probablement ultime) mission de sa carrière. A son grand désappointement, tous ses proches sont bien décidés à l'empêcher d'aller se suicider seul dans une mission de vengeance sans espoir dans un pays lointain... A la place, ils comptent bien l'accompagner, au grand dam de ce dernier ! Comme d'habitude, Fitz n'est pas à l'aise avec le concept de "recevoir de l'aide", mais il ne vas pas avoir le choix. Le résultat sera parfois surprenant, notamment dans le choix des compagnons de voyage !

Même si les aventures de Fitz ces 17 derniers tomes (!!!) étaient plutôt à l'écart des autres séries de l'auteur (car oui, Robin Hobb est excellente ET prolifique dans son domaine), il y a ici une convergence nette des récits. Vers la fin du tome, les péripéties de nos héros l'amènent dans le sud lointain et il va tomber sur un certain nombre de personnages familiers que l'on avait perdu de vue. Et aussi, accessoirement... des dragons, mais je ne veux pas spoiler ! La suite promet de continuer à mélanger de façon explosive ces deux univers radicalement différents pour notre plus grand plaisir !

Pas simple de cumuler les casquette de père, d'assassin et de prince... En même temps, si on appréciait les histoires heureuses et simples on ne resterait pas scotchés devant le drame itinérant qu'est la vie de Fitz, pas vrai ?