L'enfer du Troll

Aujourd'hui on aborde l'enfer du Troll, un petit livre écrit par Jean-Claude Dunyach que je me retrouve obligé de catégoriser en fantasy bien qu'il tienne plus du roman comique.

En bref : Tout commence avec un voyage de noce à l'autre bout du monde entre un chevalier plein de regrets et sa donzelle forte en gueule. La destination : une mine dans un volcan éteint où des problèmes de natures inconnue ont mis le bazar. Un troll désœuvré un peu déprimé est chargé d'aller mener l'enquête, protégeant au passage les tourtereaux. Sa compagne est bien décidée à l'accompagner pour le surveiller et l'empêcher de gâcher le précieux budget qui leur est alloué.

Une mission qui serait simple pour ces deux petites montagnes ambulantes (et leur stagiaire) s'ils avaient la moindre idée de ce qui les attend... contrairement à leurs compagnons de route. Des dépenses imprévues les attendent s'ils veulent se sortir de la galère.. .et empêcher la fin du monde.

L'enfer du Troll est un roman... très particulier dirons-nous ! Assez court (à peine 200 pages), il retranscrit les péripéties très étranges de cette compagnie composée de bric et de broc. Un scénario classique qui n'est que le prétexte à une série de gags basés sur des dialogues décalés. Les personnages jouent aussi beaucoup à ce point de vue là : quand les deux protagonistes principaux sont des Trolls il faut s'attendre à des situations originales.

Les couples sont particulièrement biscornus ici. Du simplement étrange formé par ces deux rocs amoureux en passant par Sheldon le chevalier et Brisène sa compagne, la normalité est partie voir ailleurs si elle y était. La parade amoureuse des premiers tiens autant du cataclysme ambulant, quant aux caractère des seconds ils sont totalement divergeant et explosifs. Autant dire que le voyage ne sera pas de tout repos.

Ce voyage sera d'ailleurs l'occasion de croiser d'étranges personnages. Chevaliers suivant des formations de mise à niveau et de management dans leur grande quête du Graal, nécromanciens consultants tentant de refourguer des souvenirs maudits, elfes retors et gobelins guide touristiques... j'en passe des meilleurs !

L'auteur à basé sa formule sur une solide dose d'humour absurde qui m'a souvent arraché des petits rires incrédules (mais très virils malgré tout !). Notamment beaucoup de situations tournent autour des discours de marketing, de management des ressources, d'optimisation des objectifs secondaires en adéquation avec la restructuration des acquis... si vous avez envie de grimacer, c'est normal. Alors imaginez ce qu'un Troll un peu plus bourrin ressent quand on lui demande de les mettre en pratique...

Il y a jeux de mots subtils, des blagues franchement graveleuses et des allusions en hommage/parodie à beaucoup d'autres œuvres (notamment sur Star Wars qui est visiblement un délire personnel de l'auteur).

Globalement le ton est toujours léger, même au bord de l'apocalypse, aussi l'Enfer du Troll se lit d'autant plus vite qu'il est court. Cependant, si c'est le gros point fort du livre c'est aussi selon moi son plus gros point faible. A force d’absurde, d'événements étranges pas pris aux sérieux et de décalage totalement WTF... on se distance un peu du récit.

J'avais fait une remarque similaire pour d'autres livres comme pour les Annales du Disque-Monde de Pratchett. Passé un certain stade, l'effet comique perd un peu de son ampleur par répétition. Non pas que l'humour soit moins bon, mais simplement qu'on s'y habitue. Aussi des situations qui sont pourtant dramatique m'ont laissé froid (et pourtant on sait tous à quel point écœurant j'adore le drama), puisque je ne m'inquiétais pas vraiment pour les personnages. En fait je cherchais autant qu'eux à comprendre ce qui se passait !

Toutefois, il s'agit d'un parti pris délibéré par l'auteur. Le genre atypique de cette aventure est totalement assumé et maîtrisé. Il s'agit à ce stade d'une pure question de goût et d'humeur du moment. Pour moi ce n'était pas le livre du siècle, soyons francs, mais il était malgré tout correct et m'a bien diverti pendant quelques heures. Et finalement c'est tout ce que l'on peu exiger d'un livre !