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 Lu & Approuvé

Manon des Sources

Aujourd'hui, on revient sur un classique, avec Manon des Sources, l'adaptation par Marcel Pagnol du film du même nom qui fait suite à Jean de Florette.
 
Manon des Sources - Marcel Pagnol - L'eau des Collines
La duologie l'Eau des Collines fait partie de ces œuvres très humaines au cœur même de la vie des "petites gens" qui m'ont profondément marqué. Excellente adaptation, on conserve en lisant toute la profondeur des dialogues de l'œuvre originale avec un peu plus de détails qui ne font que renforcer l'immersion. 
 
Sans plus tarder, spoilons un peu !
 
L'histoire reprend dans notre chère campagne française là où s'était arrêté Jean de Florette. Les plans de Jean ont lamentablement échoué, malgré ses savantes théories qui lui promettaient une exploitation prospère. La malchance s'en est mêlée, ainsi que ses voisins, le Papet et Ugolin. Voulant à tout prix récupérer le terrain, ils ont condamné la source qui donnait toute sa valeur au terrain. Sans elle, le pauvre Jean bossu s'est tué lentement à la tâche pour acheminer l'indispensable eau. En vain...
 
Pas très fier de la méthode, mais malgré tout satisfaits du résultat, le cupide Ugolin et son Papet ont depuis racheté le terrain et se lancent dans de gros aménagements pour y faire pousser des œillets. Une affaire bien plus rentable que les habituels poireaux ou patates. Leur fortune est faite, d'autant qu'ils ont "miraculeusement" trouvé une source bouchée qui avait fait défaut au bossu.
 
Alors qu'ils sont en plein travaux, ce qu'ils ne savent pas, c'est que Manon, la fille de Jean a assisté au spectacle de leur tromperie et aspire à se venger. Ils l'ont réduite à la quasi-mendicité avec sa mère sur un minuscule lopin de terre après avoir condamné son père. Tous les gens du village savaient pour la source salvatrice, mais personne n'a rien dit à l'étrange bossu. Pendant des années Manon vit isolée dans les collines en bergère solitaire, jusqu'au jour où le destin lui fourni enfin une arme pour leur faire payer à tous !
 
Manon des Sources est la suite et fin de l'Eau des Colline. Après le lent calvaire du premier tome, c'est ici un tome de revanche qui est déclaré. Si au début les choses semblent bien se passer pour les ordures que sont le Papet et Ugolin, c'est sans compter la colère d'une fillette devenue une jeune femme décidée.
 
Pagnol transmet ici une image sans fard des campagnes d'alors, avec une solidarité des petits villages isolés qui vire à la franche hostilité vers tout ce qui leur est inconnu et étranger. J'ai éprouvé un peu moins d'attachement pour Manon dans ce roman que pour Jean dans le précédent, puisqu'elle est presque entièrement dévorée par son envie de vengeance, faute d'avoir obtenu une quelconque justice.
 
Les personnages du Papet et Ugolin gagent en profondeur et ne sont plus défini par leurs stratagèmes contre Jean, mais bien par leurs envie de se bâtir une nouvelle vie et de laisser un héritage. Cependant, profiter de leur biens mal acquis va se révéler impossible. Leur méfait commis, c'est vers une lente mais inévitable déchéance qu'ils se dirigent. C'est particulièrement visible chez le simplet Ugolin qui finira réduit à l'état de loque. J'avouerai y avoir pris plaisir, car son "innocente" cruauté envers son "ami" Jean était vraiment détestable.
 
Mais le plus marquant reste pour moi la fin de ce livre qui conclu si admirablement la série. Une dernière révélation qui change radicalement notre regard sur tout ce qui s'est passé, et un coup du sort véritablement triste pour le vieux Papet. Un final qui le rachète presque et qui m'arrache à chaque relecture une petite larme tristounette. C'est beau. C'est humain. C'est du grand Pagnol.
 
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