Le faucon de minuit

Le faucon de Minuit est le deuxième tome de la série de fantasy Rigante écrite par David Gemmel. Il fait suite à l'Épée de l'Orage.

Il y une quinzaine d'années le peuple de Roc a repris la route des conquêtes de leurs voisins barbares. Ce coup-ci ils visaient le peuple Rigante, mais l'attaque a été un échec retentissant à cause de leur unification par leur nouveau roi guerrier, Connavar.

Depuis, ils ont léchés leur plaies et s’apprêtent à reprendre l'offensive. C'est là qu'intervient Bane, le fils bâtard de Connavar. Dans le violent passé de ce dernier, la naissance de ce fils bâtard remue le couteau dans la plaie : sa naissance même a été causée par un écart de Connavar... pendant que sa femme se faisait tuer. Autant dire que les relations père-fils sont... compliquées.

Bane a juré d'arracher le cœur de son géniteur. Il vire bandit et est traqué par son propre peuple. En attendant d'être à même de se venger, Bane décide donc de partir pour Roc, chez les ennemis de son peuple pour y vivre des aventures. Ce n'est clairement pas un plan très solide, surtout avec son tempérament violent et revanchard pour lui causer des ennuis. Il aura un compagnon de voyage très différent, Bauduin,  un jeune scribe rêvant de devenir philosophe dans le bastion de civilisation qu'est Roc par rapport aux "barbares" Rigantes. Là au l'on gagne la protection d'un combattant expérimenté, l'autre est censé y gagner un peu de sagesse et de tempérance.

Dans cette étrange aventure apparemment décousue, Bane va rencontrer l'amour, être confronté à des fanatiques religieux, des tentatives d'assassinats d'empereurs, des purges et surtout... il va devenir gladiateur !

David Gemmel est un spécialiste de l'action, c'est un fait. Bane a plus que sa part de combats. Mais Gemmel est aussi particulièrement fort pour bâtir des personnages tourmentés, nous faire aimer des individus pleins de défauts et flouter habilement les limites entre le "bien" et le "mal".

De façon encore plus flagrante que dans le premier tome, on voit que l'auteur s'est fortement inspiré de l'histoire de Rome (incarné ici par Roc), de son histoire et de ses conquêtes. Bastion de "civilisation" dans un monde "barbare", des armées puissantes et organisées dans un style de combat militaire révolutionnaire. Une république qui fini par devenir un empire alimentant le peuple par des jeux violents. Des religions anciennes réprimées pour faire places aux nouvelles... Même Connavar et Bane on des petites touches de Vercingétorix à faire leurs armes chez les habitants de Roc... Un parallèle clairement assumé par Gemmel, condensé et accentué encore davantage. Avec en plus au milieu de tout ça, les anciens dieux et déesses comme la Morrigu qui tissent leurs fils et manipulent tout un chacun dans l'espoir d'entretenir la magie déclinante... et leurs propres pouvoirs.

Le Faucon de Minuit est pour moi le parfait exemple de son style, et probablement mon tome préféré de sa série Rigante. Tous les personnages sont vérolés de défauts considérables, de faiblesses de caractère ou morales. Pourtant ils ont souvent une facette qui fait qu'on les aime malgré tout, et surtout ils progressent tout au long de l'aventure.

Au milieu de toute cette action il y a des petites touches émouvantes qui m'ont agréablement surprises, et bien sûr : une grosse dose de  drama (oui, oui, je suis obligé d'insister là dessus, j'adore le drama !). Finalement, David Gemmel prouve une fois encore qu'il est capable d'écrire des romans forts en aventure, plus subtils qu'on pourrait croire malgré leur pitch et avec une touche de fantasy nostalgique pour agrémenter le tout.